Kuşadası : des cendres à l’espoir
L’été 2024 restera gravé dans la mémoire de nombreux Turcs. En juin, des feux de végétation dévastateurs ont frappé le pays, notamment dans les provinces de Diyarbakır et Mardin, causant au moins 15 morts et détruisant plus de 15 000 hectares de forêts et de terres agricoles. À cela s’ajoutent des pertes dramatiques pour la faune locale : plus de 900 moutons et chèvres ont péri dans les flammes.
Parmi les zones les plus durement touchées : Kuşadası, station balnéaire située sur la mer Égée, où un incendie s’est déclaré le 29 juin 2024. La région, pourtant connue pour ses paysages verdoyants et son attrait touristique, s’est retrouvée brutalement réduite en cendres. Températures extrêmes, vents violents et végétation asséchée ont rendu la situation incontrôlable.
C’est précisément là que l’initiative #PlayForTurkey a choisi de poser ses racines. Plutôt que de reconstruire à l’identique, le projet mise sur une reforestation durable, intelligente et participative, avec une ambition simple : redonner vie à la terre en impliquant le plus grand nombre.
Hakan Çalhanoğlu, capitaine de la reforestation
Un milieu de terrain, 10 000 arbres et une forêt à son nom
Quand il ne fait pas trembler les filets avec l’Inter Milan ou l’équipe nationale turque, Hakan Çalhanoğlu plante… des arbres. Et pas symboliquement : le joueur a entièrement financé la première phase du projet #PlayForTurkey, à hauteur de 10 000 arbres, soit l’équivalent de 50 terrains de football transformés en espace forestier.
Cette forêt, baptisée Forêt Çalhanoğlu, est bien plus qu’un coup de com’. Elle incarne un engagement personnel et une forme de responsabilité assumée par un sportif qui refuse de rester spectateur face aux catastrophes environnementales qui touchent son pays.
« Le football m’a tant donné, et maintenant je veux redonner quelque chose, pas seulement à mon pays, mais au monde entier » - Hakan Çalhanoğlu
Son rôle ne s’arrête pas au financement. Il mobilise également sa communauté : à travers ses réseaux sociaux, il incite ses millions de fans à télécharger le jeu My Lovely Planet et à participer à la plantation numérique. En activant sa notoriété, Çalhanoğlu transforme ses supporters en acteurs de la reforestation, une initiative encore rare dans le monde du football professionnel.
Jouer à My Lovely Planet devient un acte militant
Le jeu mobile où chaque clic plante un arbre
Derrière le projet #PlayForTurkey se cache une innovation audacieuse : My Lovely Planet, un jeu mobile développé par Clément Le Bras, déjà connu pour avoir cofondé le moteur de recherche solidaire Lilo.org. Le principe est simple mais révolutionnaire : chaque action réalisée dans le jeu a un impact concret dans le monde réel.
Baptisé “play-to-impact”, ce concept transforme le jeu vidéo en outil d’engagement écologique. Jouer devient une manière de financer la plantation d’arbres, la protection des océans ou la sauvegarde de la biodiversité. Le modèle repose sur une transparence totale : 15 % du chiffre d’affaires (publicité et achats intégrés) sont reversés à des ONG partenaires comme Eden Reforestation, Sea Shepherd, Plastic Bank ou la SPA .
L’application, soutenue par Ubisoft Entrepreneur Labs et repérée par Google (#WeArePlay), attire déjà plus de 20 000 joueurs actifs. Et les résultats sont là : 50 000 arbres plantés à Madagascar, 2 millions d’euros levés et une ambition claire : atteindre 100 millions de joueurs d’ici 2030 pour reboiser à grande échelle.
My Lovely Planet n’est pas un gadget : c’est une plateforme d’impact, née au croisement du gaming mobile, de la blockchain (via Polygon, peu énergivore) et de l’écologie participative.
Reboiser intelligemment : la science au service du vivant
Pins turcs et chênes résilients contre le feu de demain
Planter des arbres, oui. Mais pas n’importe lesquels, ni n’importe comment. La Forêt Çalhanoğlu n’est pas une opération symbolique, elle repose sur une approche scientifique rigoureuse, menée en partenariat avec l’association turque Tohum (Tohum Eğitim Kültür ve Doğa Derneği), spécialisée dans l’éducation à l’environnement et la restauration des écosystèmes endommagés.
Le choix des espèces n’a rien de décoratif : pin turc (Pinus brutia), diverses variétés de chênes (Quercus) et arbres fruitiers résilients ont été sélectionnés pour leur capacité à résister aux sécheresses et aux incendies. Le pin turc, par exemple, est doté d’une écorce épaisse qui protège son tronc lors des feux de faible intensité, selon les études du Département américain de l’Agriculture.
Cette stratégie vise à créer une forêt durable, capable de survivre aux conditions climatiques extrêmes qui deviennent de plus en plus fréquentes dans le sud de l’Europe. Un reboisement intelligent, qui ne se contente pas de reverdir la terre mais prépare le terrain pour l’avenir.
Le match pour la planète est mondial
De la Forêt Çalhanoğlu à TikTok
Le projet #PlayForTurkey ne se limite pas à un effort local de reforestation. Il s’inscrit dans une campagne digitale à visée internationale, reposant sur une mécanique puissante : la gamification de l’impact environnemental. Chaque niveau franchi dans My Lovely Planet permet de financer un arbre supplémentaire. Un geste simple, reproductible, et potentiellement viral.
Cette viralité s’appuie aussi sur les réseaux sociaux. La plateforme compte déjà plus de 500 000 abonnés sur TikTok, où elle diffuse des vidéos pédagogiques, des défis, et des témoignages d’impact. La figure de Hakan Çalhanoğlu, mondialement connue, joue ici un rôle clé. Il ne s’agit plus seulement de planter des arbres, mais d’inspirer une communauté globale à s’engager à travers un acte accessible : jouer.
La phase 2 du projet prévoit d’ailleurs d’intégrer Sinem Çalhanoğlu, épouse du footballeur, dans la dynamique, renforçant la dimension familiale et affective de l’initiative . Une manière subtile mais efficace de toucher un public encore plus large, notamment féminin, souvent moins représenté dans les campagnes de gaming environnemental.
Vers un modèle hybride sport-technologie-climat
Et si le sport devenait un catalyseur écologique ? L’initiative #PlayForTurkey ouvre la voie à une nouvelle forme de mécénat : plus participatif, technologique, et axé sur l’impact réel. Grâce à la blockchain Polygon, les actions environnementales sont traçables, mesurables et transparentes, loin des greenwashings marketing classiques.
L’entreprise derrière My Lovely Planet a même développé un Environmental Treasury, un “trésor vert” alimenté par 750 000 € d’investissements privés et soutenu par l’émission de sa cryptomonnaie, le My Lovely Coin (MLC). L’objectif est ambitieux : lever jusqu’à un milliard de dollars d’ici 2030 pour financer la captation de CO2, le nettoyage des océans, et la protection de la biodiversité.
Au-delà de la reforestation, My Lovely Planet incarne une passerelle entre le Web2 et le Web3. L’interface du jeu, grand public et intuitive, s’inscrit dans la culture mobile classique (Web2), tandis que l’infrastructure blockchain, la cryptomonnaie MLC, et la logique d’impact tokenisé s’appuient sur les mécanismes du Web3. Une hybridation rare, qui rend les technologies de demain accessibles à tous, sans exiger de compétences techniques. C’est là l’un des grands atouts de la plateforme : rendre le Web3 utile, ludique et enfin compréhensible.
Pour les acteurs du football, l’exemple de Çalhanoğlu pourrait faire école. Car dans un monde où l’image compte autant que les résultats sur le terrain, associer sa notoriété à un projet éthique et innovant peut devenir une nouvelle forme de leadership. Une manière aussi de reconnecter avec les jeunes générations, plus sensibles aux enjeux climatiques qu’aux palmarès.