Kieran Gibbs, pionnier ou visionnaire ?
En 2021, Kieran Gibbs a secoué l'univers du football en annonçant son partenariat avec XBTO, une société spécialisée dans les crypto-monnaies. Ce partenariat permet au joueur de recevoir la moitié de son salaire en Bitcoin, sans frais de conversion, directement sur son portefeuille numérique.
Ce choix n’est pas simplement une lubie de l’ère numérique : Gibbs considère que le Bitcoin a la capacité de "briser des barrières économiques" et d'offrir aux athlètes un contrôle accru sur leur patrimoine.
Cette initiative est radicale dans un monde du football où les contrats sont habituellement libellés en devises traditionnelles. En optant pour le Bitcoin, Gibbs ouvre une voie incertaine mais potentiellement révolutionnaire pour les footballeurs : moins de dépendance aux banques et aux fluctuations monétaires locales, plus de liberté financière, et pourquoi pas, un jackpot en cas de hausse du Bitcoin. Pourtant, ce pari est loin d'être sans risque.
Le Bitcoin : ticket vers la richesse ou roulette russe ?
Si le Bitcoin attire de plus en plus d'adeptes, c’est pour ses promesses de croissance exponentielle. En choisissant de convertir la moitié de son salaire en Bitcoin, Gibbs parie sur une hausse de la valeur de la cryptomonnaie. Après tout, les investisseurs qui ont cru au Bitcoin dès ses débuts en 2009 ont vu son prix passer de quelques centimes à des sommets vertigineux dépassant les 60 000 dollars en 2021. Mais cette envolée n’est pas sans turbulence : le Bitcoin peut également perdre la moitié de sa valeur en quelques semaines.
Recevoir son salaire en Bitcoin, c’est comme jouer sur un terrain miné. D’un mois à l’autre, le revenu réel de Gibbs pourrait varier drastiquement. Une journée faste du marché, et c’est un bonus substantiel. Mais une chute brutale, et c’est une perte sèche. Ce pari, qui aurait pu sembler extravagant il y a quelques années, pourrait bien devenir un choix courant pour des joueurs cherchant à diversifier leur portefeuille, ou pour des clubs cherchant à attirer des talents avec des possibilités de paiement plus ouvertes et flexibles.
Vers une adoption progressive et inévitable ?
Ce que fait Gibbs aujourd'hui pourrait bien n’être que la pointe de l’iceberg. Avec des clubs comme le Paris Saint-Germain ou la Juventus déjà engagés dans l’univers des Fan Tokens, et des entreprises comme Socios.com qui permettent aux supporters d’acheter des jetons numériques, il n’est pas impossible que les salaires en Bitcoin deviennent une pratique plus répandue.
En réalité, si l'on réfléchit bien, la révolution est déjà en marche : des plateformes permettent aux supporters d’influer sur certaines décisions des clubs grâce à des Fan Tokens, et l'intégration des crypto-monnaies dans les contrats pourrait offrir une flexibilité inédite, en particulier pour les joueurs internationaux. À mesure que la blockchain et les cryptomonnaies se démocratisent, l’idée de voir des contrats de joueurs libellés en Bitcoin semble de moins en moins improbable.
L'incertitude légale et fiscale : la zone grise qui menace ?
Le problème majeur reste cependant la régulation.
Le Bitcoin est encore largement non régulé dans de nombreuses juridictions, et la fiscalité liée aux gains ou pertes de valeur reste floue. Les autorités fiscales de certains pays considèrent le Bitcoin comme un actif imposable, ce qui pourrait poser problème si un joueur voit la valeur de ses gains fluctuer. De plus, certains pays interdisent ou limitent l’utilisation des cryptomonnaies, rendant leur adoption plus complexe pour les clubs et les joueurs.
La volatilité n’est pas seulement un risque financier, mais aussi un casse-tête fiscal. Si le Bitcoin connaît une hausse soudaine, le joueur pourrait être confronté à des taxes inattendues sur ses gains, et cela va compliquer considérablement la gestion de ses finances.
Pour les clubs, la situation est tout aussi délicate : proposer des salaires en Bitcoin signifie aussi adapter les structures contractuelles et les charges sociales à cette nouvelle réalité, avec tous les risques légaux que cela comporte.